Les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) publics de la province du Québec (Canada) ont été durement frappés au début 2020 par la pandémie de la Covid-19. Beaucoup de préposées aux bénéficiaires, en première ligne pour fournir des soins d’assistance aux résidents, furent contaminées par le virus, ou ont décidé de quitter leur emploi. Ceci a conduit à des enjeux majeurs en termes de démissions, d’absentéisme et de remplacement notamment lors des quarantaines obligatoires. Plus globalement, la pandémie a permis de mettre en lumière l’enjeu majeur de la faible rétention des préposées en emploi durant leurs cinq premières années d’expérience. Cet enjeu ne date pas de la pandémie, mais a été largement exacerbé par celle-ci. Avant même la pandémie, près de six préposées sur dix d’une cohorte avaient quitté leur emploi cinq ans après leur intégration. De fait, nous présentons dans cet article les facteurs de politiques publiques et organisationnels qui peuvent avoir une incidence dans le choix des préposées de quitter leur emploi, en proposant des recommandations aux gestionnaires de ces établissements et aux responsables du ministère de la Santé et des services sociaux du Québec. Nous mettons plus particulièrement l’emphase sur la précarité de l’emploi (volet politiques publiques) et la fragilisation de la santé au travail des préposées liée à l’intensification de la charge de travail (volet organisationnel), qui nous semblent les deux facteurs prédominants.