La place controversée de la théorie des émotions dans l'histoire de la critique littéraire française

Abstract

S’intéresser aux émotions permet de repenser l’histoire littéraire en réfléchissant aux évolutions des sensibilités et de la place accordée à l’affectivité dans le processus créatif. C’est cette histoire que nous voudrions esquisser en nous intéressant à la place controversée des émotions dans le discours critique français depuis le Romantisme, dont la doctrine se fonde sur le dédain pour les problématiques psychologisantes.

Enfurecer el pasado. Álvaro Bisama y Fernando Vallejo, biógrafos

“…La biografía es entonces un relato que cuenta la intimidad de un momento de fascinación: algo que la crítica o la teoría literaria no han podido contar. (2018: 4) Y ese no poder contar concierne también la esfera de lo emotivo (Gefen, 2016). En la serie de libros de este tipo, los escritores o las escritoras elegidos son los herméticos, los malditos, los poco reconocidos, los menores o transgresivos.…”

Les Émotions dans les études littéraires sur les siècles classiques français. Actualité de la recherche et approches méthodologiques

“…Pour éprouver de la pitié pour quelqu'un, il faut non seulement juger que le malheur qui frappe autrui est immérité mais aussi se penser soi-même potentiellement vulnérable à ce malheur. Le deuxième facteur, interne aux études littéraires, réside dans une réaction au formalisme de la théorie littéraire d'inspiration structuraliste qui a dominé la seconde moitié du XX e siècle et s'est caractérisé par une méfiance envers toute forme de psychologisme 4 .…”

Les Émotions D’emma Bovary

“…Carrière, Mathis-Moser et Dobson (2021 : XXIX), de leur côté, considèrent que l'émotion est : « […] à la fois interne et externe, tant privée que publique ; […] elle opère en croisement plutôt qu'en conflit avec l'esprit, le corps, les actions, les croyances ; […] les affects comme la joie, la honte, l'optimisme, ou la mélancolie, émanent tant de nous-mêmes que des structures sociales qui nous organisent ; et […] l'affectivité est à la fois une source et un effet de nos gestes et mécanismes de pensée individuels et collectifs » (idem) compte tenu du fait que « l'affect » est vu « […] en tant qu'assemblage de la pensée et de l'émotion » (idem). Gefen (2016), lui-aussi, s'interroge sur « [...] la place accordée à l'affectivité dans le processus créatif », sur « […] la relation que le créateur entretient avec son propre espace affectif » 1 .…”