International audienceIn the humanities, as in the “hard” sciences, for more than a decade now the massive digitalisation of texts and data has produced big data or long data opening up new opportunities for research. But the accompanying critical methods pose considerable epistemological, institutional and pedagogical issues. In what is now referred to as the “digital humanities” , the remote reading of a corpus constituted by maps and graphs provides a specific form of knowledge and a methodological and epistemological paradigm the heuristics of which must be grasped in all their potential. One must not allow oneself to be swept into the naïve belief that trawling a corpus of texts results in a transparent production of knowledge, a mass of data which remain silent artefacts in the absence of a specific hermeneuticsEn sciences humaines comme en science dures, les numérisations massives des textes et des données produisent depuis plus d’une décennie des big data ou long data ouvrant des pistes de recherche novatrices. Mais les méthodes critiques qui les accompagnent ont des enjeux épistémologiques, institutionnels et pédagogiques considérables. Dans ce qu’on appelle désormais les « humanités numériques », la lecture à distance de corpus constitués par des cartes et graphes offre une forme spécifique de savoir et un paradigme méthodologique et épistémologique qu’il importe de saisir dans toute sa puissante heuristique, sans se laisser entraîner par l’idée naïve d’une production transparente de savoirs par moissonnage des corpus, masse de données qui restent des artéfacts muets en l’absence d’une herméneutique spécifique
S’intéresser aux émotions permet de repenser l’histoire littéraire en réfléchissant aux évolutions des sensibilités et de la place accordée à l’affectivité dans le processus créatif. C’est cette histoire que nous voudrions esquisser en nous intéressant à la place controversée des émotions dans le discours critique français depuis le Romantisme, dont la doctrine se fonde sur le dédain pour les problématiques psychologisantes.
On ne cesse de pleurer la fin de la littérature française contemporaine et de dénoncer l'émergence d'une « postlittérature » ( Richard Millet 1 ) qui n'aurait plus rien de commun avec ce que nous connaissions, depuis le début du XIX e siècle, sous ce nom et l'on ne se lasse pas de souligner l'éclipse du prestige et de la conception romantique typiquement française des lettres. Mais le déclin des fonctions collectives de la littérature et la désacralisation contemporaine de l'écrivain comme le déclin des courants formalistes se font au profit de nouveaux rôles : je défendrai dans cet article l'idée que le début du XXI e siècle a vu l'émergence d'une conception que je qualifierai de « thérapeutique » de l'écriture et de la lecture. Tout se passe, me semble-t-il, comme si, dans nos démocraties privées de grands cadres herméneutiques et spirituels collectifs 2 , le récit littéraire promettait de penser le singulier, de faire mémoire des morts, de donner sens aux identités pluralisées en constituant des communautés : autant de programmes moins émancipateurs que réparateurs. Les héros de la fiction française contemporaine, ce sont les individus fragiles, les oubliés de la grande histoire, les communautés ravagées. Ces discours néo-humanistes participent de ce que l'on a l'habitude de désigner, depuis les travaux de Dominique Viart 3 , comme un retour à la « transitivité » littéraire : s'érigeant à la fois contre le storytelling et le divertissement, la littérature veut faire face au monde, agir, remédier aux souffrances, comme nous aider à mieux vivre dans nos existences ordinaires, doctrine diffuse que l'on retrouvera autant dans les discours sociétaux sur les usages de la littérature que chez les écrivains. Alors qu'Antoine
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