L’article explore les liens et les zones de tension entre les politiques de mesure de la performance et la qualité de l’accompagnement à l’emploi, telle qu’elle est définie dans les pratiques et discours des agents et prestataires des services publics de l’emploi en France et en Belgique francophone. L’objectif est de démontrer que le pilotage du travail des intermédiaires de l’emploi par les indicateurs de mesure donne lieu à des pratiques, parfois clandestines, de mise en conformité avec le rendement statistique de leur activité. Mais parallèlement, les excès d’une quantification perçue comme abusive ou dangereuse pour leur ethos professionnel poussent une partie d’entre eux à agir en contradiction avec ces principes gestionnaires, et ce au nom de l’intérêt du demandeur d’emploi et de la prise en compte de la qualité des emplois, tendances que l’on décèle dans les deux pays étudiés.