La psychoéducation, un projet d'alliance thérapeutique soignants-familles

Abstract

L’éducation thérapeutique du patient se développe en France du fait d’enjeux épidémiologiques, sociologiques et économiques indéniables, même en psychiatrie. Cette activité est de plus en plus encadrée par la réglementation tant au niveau de la structuration des programmes que des compétences à mobiliser. Cependant, en partant d’un programme spécifique tel que PACT (Psychose, aider, comprendre, traiter), peut-on en mesurer l’impact sur l’autonomisation des patients et l’évolution des compétences professionnelles ? L’étude réalisée au Centre Hospitalier de Jury, sur 3 CMP (Centre médico-psychologique) et auprès des familles concernées explicite l’importance de l’alliance thérapeutique soignants-familles dans la mise en œuvre d’une telle démarche, propose des indicateurs pour mesurer l’impact des programmes, bien que ceux-ci demandent à être validés à plus grande échelle. L’étude conforte la nécessité de structurer un projet institutionnel pour en garantir sa pérennité. En outre, les évolutions doivent porter sur la mise en place des pratiques avancées en soins infirmiers, notamment dans le secteur ambulatoire. Enfin, la réflexion essentielle réside dans la conception même du soin éducatif basé sur l’altérité soignants-familles et le co-apprentissage.

The experience of caregivers providing therapeutic patient education for people living with bipolar disorder: a qualitative study

“…This notion of horizontality is taken up in numerous works. According to Lang [ 26 ], facilitating a session leads to. "renouncing the omnipotence linked to one's knowledge in front of the patient, who was previously considered incompetent to manage his or her illness".…”

“…This cannot be explained by the mere fact that these professionals carried out a partial or complete part of their activity in the rehabilitation psychosocial department with a so-called "recovery-oriented practice". Indeed, according to Lang [ 26 ], the thirteen principles for a psychosocial rehabilitation practice set out by Cnaan [ 32 ] correlated with those of TPE in France: full human capacities, equipment of people with skills, self-determination, normalization, differential needs and care, commitment of staff, deprofessionalization of service, early intervention, environmental approach, changes in the environment, a lack of limits on participation, work-centered process, and social rather than medical supremacy. For Lagger, TPE promotes a change in posture and offers the opportunity to strengthen the bond, especially for the patient to be able to feel less alone with his or her chronic illness [ 33 ].…”

L’éducation thérapeutique pour les patients souffrant de troubles psychiatriques en France : psychoéducation ou éducation thérapeutique du patient ?

“…Un manque d'accès à la formation par absence de moyens financiers spécifiques et surcharge des programmes d'enseignements est aussi une raison énoncée par les professionnels [28]. Cependant, pour exemple, la législation par l'arrêté du 31 juillet 2009 prévoit 150 heures de formation sur les soins éducatifs et préventifs pour les étudiants du diplôme d'état d'infirmier [33]. Par ailleurs, des soignants témoignent d'une surcharge d'activité et du manque de formation pour expliquer leur absence d'investissement [34].…”

“…Ainsi, 72 % des patients atteints de schizophrénie éprouvent le besoin de dissimuler leur maladie par crainte du regard des autres [37]. Cette représentation péjorative d'eux-mêmes n'est pas forcément propice à la mise en place et à l'acceptation d'un programme d'éducation thérapeutique si elle n'est pas réfléchie ou motivée préalablement [6,[33][34][35][36][37]. Au-delà de ces particularités cliniques, qui peuvent justement inviter à proposer et à indiquer un soin éducatif, il existe d'autres barrières qui limitent l'accès des usagers à l'éducation thérapeutique en psychiatrie.…”

“…En effet, le patient, surtout s'il est suivi hors d'un programme de réhabilitation psycho-sociale, est plus souvent «objet» de soin psychiatrique qu'acteur de la gestion de sa propre santé et de sa qualité de vie. Il peut ainsi subir son soin de manière infantilisée, avec un déficit de relation avec l'équipe soignante qu'il a du mal à faire changer s'il n'y est pas invité[6,33,41]. Les patients souffrant de TP sont demandeurs de ce type de soin et l'accepte volontiers s'ils y sont accompagnés.…”