Ce texte propose une réflexion sur la manière d’aborder la question du racisme à l’égard des peuples autochtones au Québec et au Canada. Entre ceux pour qui l’histoire des rapports entre autochtones et non-autochtones est invariablement marquée, quelle que soit l’époque, au coin du racisme et d’une dynamique profondément ancrée d’infériorisation colonialiste, et ceux qui cherchent, au contraire, à édulcorer la réalité des rapports inégalitaires et racisés entre les deux groupes, l’auteur pose le problème en des termes différents qui ne cherchent pas tant à déterminer l’intensité des manifestations du racisme qu’à s’interroger sur les raisons pour lesquelles, en dépit d’avancées politiques et institutionnelles tangibles qui favorisent les peuples autochtones, l’écart socioéconomique entre ces derniers et les populations allogènes reste considérable. En réponse à cette interrogation, il soutient d’une part que la bienveillance apparente de l’État est fort relative et reste mue en définitive par la volonté de demeurer le principal maître d’oeuvre du destin des peuples autochtones et, d’autre part, que le fossé socioéconomique entre autochtones et non-autochtones participe d’une dynamique de rapports sociaux de pouvoir pratiquement immuable, inscrite en creux de la culture politique canadienne et québécoise et, partant, de la démarche de l’État. Le texte conclut en exposant les grandes lignes d’un cadre de réflexion pour reconfigurer les relations entre autochtones et non-autochtones.