La nomination des lieux ou les refontes toponymiques, de par leur dimension éminemment politique, sont souvent source de controverses. Les contextes multiculturels et multilingues, où les tensions identitaires sont souvent exacerbées, se présentent comme des terrains d’observation privilégiés. C’est le cas du Canada, où le champ toponymique est fortement marqué par la rivalité entre trois communautés linguistiques (anglaise, française, autochtone). Si ces conflits toponymiques intercommunautaires ont largement été investis par la recherche, on compte, en revanche, très peu d’études sur les tensions intracommunautaires. Cet article propose d’explorer ce type de conflit inhabituel à travers la controverse qu’a suscité le projet de désignation officielle d’un « quartier francophone » à Ottawa et qui a largement polarisé la minorité linguistique de la capitale.