La révolution tunisienne : interactions entre militantisme de terrain et mobilisation des réseaux sociaux

Abstract

Sans réduire la révolution tunisienne à une révolution 2.0 et sans nier le rôle des réseaux sociaux dans la montée de la mobilisation d’une tranche importante de la société tunisienne, nous analysons, dans cet article, les modalités pratiques de la mobilisation et les usages des réseaux sociaux et des TIC. Nous mettons en lumière l’évolution du rôle de ces réseaux sociaux tout au long des protestations en Tunisie entre le 17 décembre 2010 (date des premiers rassemblements) et le 14 janvier 2011 (date de départ de Ben Ali) en réponse aux besoins de la mobilisation sur le terrain et de l’évolution de l’implication des militants et des manifestants. En présentant les raisons et les finalités du recours aux réseaux sociaux, nous pointons les différences avec la révolte du bassin minier de Gafsa de 2008.

Postcolonial Tunisian Networks of Dignity in 1968 and the Arab Spring

“…Social media scholar Zeineb Touati found that, on the contrary, the Wikileaks cables, "allowed the world to discover what Tunisians already knew." 42 Given that Tunisians' daily encounters with the regime made them well aware of the extent of its corruption, it was not for lack of knowledge that resistance stayed below the surface until Bouazizi's martyrdom. Touati's findings suggest that Facebook and Twitter were not the primary generators of revolution; rather, they simply helped mobilize already existing networks and coordinate activism in the streets, which was the real success story in removing Ben Ali from power.…”

L’empowerment citoyen des jeunes bénévoles tunisiens est-il en marche ? Une étude exploratoire

“…Le slogan emblématique scandé dans les espaces publics et virtuels était « Ben Ali dégage ! » (Touati, 2012). Le ralliement de la principale centrale syndicale l'UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) au mouvement insurrectionnel, et son appel à la grève générale ont précipité les événements.…”

“…La montée de l'empowerment citoyen en Tunisie trouve sa réponse dans un maillage de facteurs sociohistoriques, culturels, économiques et politiques notamment le chômage endémique, la précarité, l'injustice sociale, les inégalités régionales, la corruption, la répression des opposants et la culture de l'impunité (Touati, 2012).…”

Les presses privées post-2011 en Tunisie : mutations économiques et politiques

“…Ce changement remettait en cause des décennies de gouvernance autoritaire dont l'un des ressorts sociopolitiques résidait, depuis l'indépendance (1956), dans une « allégeance passive et distanciée » des Tunisiens envers un appareil étatique accaparé par une caste (Camau, 1984 : 15) et dans laquelle les élites gouvernantes ne cherchaient qu'une adhésion minimale des gouvernés à la doxa du régime. Dans de telles conditions, le moment révolutionnaire tunisien s'est notamment traduit par un remarquable élan cathartique manifeste sur les réseaux socio-numériques comme dans les médias traditionnels (Touati, 2012a ;2012b). Au niveau de la presse écrite, en témoigne la création en 2011 de quelque 228 publications 1 .…”