L’enfant, qui traverse une trajectoire de placement, ancre dans son vécu les traces d’une existence singulière. Au moyen de ses mots, de ses gestes, de ses interactions, de ses inactions et de ses actions, notamment observables dans l’activité ludique, l’enfant placé nous raconte son histoire, nous expose ses besoins et les ressources qui l’animent. Pour parvenir à comprendre la subjectivité de l’enfant et ainsi adapter la prise en charge en visant la reconstruction, les équipes institutionnelles peuvent donc utiliser le jeu. Cet article a pour objectif d’expliquer notre conception de l’activité ludique : elle est une voie de compréhension et de reconstruction du vécu de l’enfant placé. Plus largement, il permet de réfléchir à l’importance de la présence du jeu dans le quotidien de l’enfant placé et à la nécessité de tenir compte des éventuels effets du parcours de vie sur le présent en service résidentiel. Grâce à des illustrations cliniques, nous inscrivons nos idées dans une réalité concrète, nuancée et interprétée avec un regard critique. Nous proposons également des pistes qui peuvent faire suite à notre travail.