“…Ces questionnements s'inscrivent dans le développement de l'épistémologie anglophone, notamment féministe, qui, depuis le début des années 1990, a « politisé » le terrain en géographie (politics of fieldwork et of representation) autour de la question de l'engagement du chercheur et a fait dépendre in fine les objets géographiques d'enjeux et de processus subjectifs-identitaires déployés à l'endroit de l'éprouvé du corps engagé dans cette pratique. La déconstruction du terrain de la science masculiniste par les géographes féministes anglophones, pour lesquelles le sujet-cherchant est appréhendé sous le prisme de la libido (pulsion de désir) et ses manières de faire (arpentage, pénétration par le regard, recouvrement exhaustif, distanciation par l'écriture - Rose, 1993 ;Nast et Kobayashi, 1996 ;Sharp, 2005) sont comprises comme autant de moyens du rapport de domination du chercheur sur le contexte de sa recherche favorisant la consolidation de son identité sexuelle, mais aussi la reconstruction du terrain de la science féministe, où le sujet-cherchant est abordé sous le prisme de l'intersubjectivité et ses manières de faire (empathie, identification, withness ou betweeness -Nast, 1994 ;Duncan, 1996 ;Bondi, 2003) sont traitées comme des formes de la relation de care avec le contexte de la recherche visant la compréhension et l'empowerment réciproques du 24 Comme je l'ai montré dans des textes antérieurs (Volvey, 2004(Volvey, , 2012a(Volvey, , 2014Volvey et al, 2012), le modèle du care, emprunté plus ou moins explicitement à la psychanalyse transitionnelle 16 , a servi en effet à fonder théoriquement et méthodologiquement le renouveau des méthodes féministes (Bondi, 1999(Bondi, , 2003Bingley, 2003), puis qualitatives (Aitken, 2001), sur une base relationnelle, contribuant à installer la figure du/de la chercheur-e en caregiver (Nast, 1994) et associant le savoir géographique à des éprouvés attachés à des processus intersubjectifs. La situation de recherche -la relation sujetcherchant et sujet-enquêté -est alors condition de la co-construction des identités d'où émerge le savoir géographique, nécessairement situé.…”