Cet article rend compte de la façon dont les sargasses contribuent à étendre le domaine des politiques du risque, dans le contexte à la fois singulier et pluriel des Antilles françaises. Dans cette perspective, il analyse et interroge la manière dont ce phénomène, apparu en 2011, fait l’objet d’une prise en charge par les autorités publiques, malgré les nombreuses incertitudes qui l’entourent. Si la « crise des sargasses » aux Antilles procède d’une logique de l’urgence face à un événement sans précédent, celle-ci s’inscrit également dans un processus de dévoilement et de mise en alerte qui épouse une temporalité étirée. En croisant les regards du politiste et de l’anthropologue, l’article entend décrire symétriquement l’engagement des habitant·es-citoyen·nes dans ce processus. Une des conclusions fortes de nos analyses conduit à relever une tension entre un modèle diffusionniste et linéaire de l’expertise scientifique, prépondérant dans les divers retours d’expérience menés sur le « risque sargasses » aux Antilles, et un modèle coproductif, circulaire et procédural, associant davantage les populations concernées, quoique celui-ci soit plus complexe à mettre en œuvre.