Résumé. À travers l'analyse du conflit étudiant du printemps 2012 au Québec, nous montrons comment les mouvements sociaux peuvent changer, temporairement, le politique. Le politique est entendu ici comme l'ensemble des règles et pratiques individuelles et collectives qui régissent les relations entre les acteurs à propos du gouvernement de la communauté. Plus précisément, nous montrons que le mouvement de contestation a transformé le politique de trois manières. Premièrement, les six mois du conflit étudiant ont créé un nouveau clivage autour duquel la vie politique s'est réorganisée. Deuxièmement, les acteurs partisans et les associations étudiantes ont modifié leurs pratiques et actions quotidiennes, redéfinissant leur mode de relations et leur politique d'alliance. Troisièmement, l'expérience prolongée de la mobilisation a changé le rapport au politique pour les individus mobilisés en bousculant les articulations usuelles entre l'usage de la politique institutionnelle et celui de la politique protestataire.Abstract. Using the case of the 2012 student conflict in Québec, we show how social movements can temporarily transform politics. We define politics as the set of rules and individual and collective practices that regulate relations between actors regarding a community's government. We show three ways in which the 2012 student conflict transformed politics. Firstly, the six-month conflict created a new division around which politics reorganized itself. Secondly, political parties and student unions modified their daily practices, redefining their relationships and policies of alliance. Finally, the prolonged experience of mobilization transformed activists' relationship to politics by rearticulating the distinction between institutional and protest politics « En un moment, la couleur rouge, comme autant d'étincelles jaillissant, de mains