Les conditions de travail des étudiants internes de médecine générale lors de leurs stages en secteur hospitalier sont souvent dégradées par des horaires surchargés, un nombre important d’astreintes mensuelles et un suivi tutoral insuffisant augmentant leur peur de l’erreur médicale et leurs risques psychosociaux. Ce constat a conduit certaines facultés de médecine à améliorer le potentiel d’apprentissage de ces stages tels que conçus en alternance avec les périodes consacrées à leur formation à l’université. Cet article rend compte d’un accompagnement au changement des pratiques de médecins enseignants en poste, diplômés de leur thèse de doctorat et chargés de cette formation universitaire, en tension entre la nécessité d’innover en pédagogie et la réalité d’un travail à flux tendu avant et pendant la crise sanitaire de COVID-19. Son objet est une formation hybride (blended-learning) articulant des cours en présentiel, distanciel synchrone et asynchrone fondée sur des usages variés du numérique susceptibles de limiter les facteurs de risques psychosociaux des étudiants. Notre analyse mobilise deux modèles conceptuels complémentaires : le premier est la théorie unifiée de l’acceptation et de l’utilisation du numérique (Venkatesh, Thong et Xu, 2012) et le second, le modèle des phases de préoccupation de Bareil (2004, 2009). Nous avons récolté des données mixtes dans une perspective à la fois compréhensive et explicative des variables agissantes sur ce processus de changement et l’acceptabilité du numérique. L’originalité de nos résultats est d’éclairer ce processus à partir d’une approche orientée « activité du sujet et acceptabilité des usages ». Nous concluons sur le rôle des ingénieurs pédagogiques dans le soutien des équipes de professionnels de la santé vers l’innovation et le développement de leurs compétences en enseignement universitaire, en nous appuyant sur les travaux de la recherche en éducation et en formation.