“…La « crise de la géographie » est concomitante de la « crise de la représentation » (Foucault, 1966 ;Bougnoux, 2019) qui entraîne ellemême la crise du roman au profit d'un nouveau roman (Sarraute, 1956 ;Robbe-Grillet, 1963) : afin de poursuivre son effort réflexif, la géographie s'est alors cherchée de nouveaux modèles d'écriture parmi les écrivains qui ont pris le tournant spatial de la littérature (Bernabei, 2015 ;Calbérac, Ludot-Vlasak, 2018), comme Georges Perec (Lefort, 2003), Italo Calvino (Lévy, 2013) ou encore Kateb Yacine (Morel, 2016). Plus près de nous, ce sont Pierre Michon (Tissier, 2013), Philippe Vasset (Lussault, 2018), Jean Rolin (Charrin, 2012;Ruffel, 2012), ou encore Aurélien Bellanger (Deseilligny, Wrona, 2020;Lamant, 2020) qui, par leur écriture, interrogent en retour les manières d'écrire des scientifiques, parmi lesquels les géographes : qu'ils produisent une fresque d'inspiration réaliste, un récit de voyage ou tentent d'épuiser un lieu, ces auteurs s'attachent à instruire, comme le font les géographes, des espaces et les spatialités (Lussault, 2003) qui s'y déploient. Le roman est ainsi devenu un outil privilégié d'analyser des mutations spatiales, sociales, politiques et économiques de la société contemporaine 1 , et la ville n'a cessé de constituer un terrain privilégié (Horvath, 2007).…”