Nous nous proposons ici de poursuivre l’analyse des démonstratifs cataphoriques (DC) en nous penchant cette fois-ci sur leur fonctionnement référentiel proprement dit : comment s’effectue exactement la saisie cataphorique de leur référent ? Ou, dit autrement, comment nous font-ils atteindre le référent visé ? Quelle est précisément la procédure interprétative mise en jeu ?
Notre enquête comportera quatre parties. La première, très rapide, rappellera pourquoi les DC sont habituellement, aussi bien dans les typologies anciennes que récentes, rangés avec les démonstratifs anaphoriques dans la catégorie des démonstratifs endophoriques. Nous montrerons dans la deuxième partie qu’une telle classification, pour justifiée qu’elle puisse être si l’on prend uniquement en compte le critère du passage par le texte (soit antérieur ou subséquent), présente néanmoins un inconvénient majeur, celui de masquer l’asymétrie cognitive qu’il y a entre les DC et les démonstratifs anaphoriques. Cette asymétrie cognitive conduit à abandonner la piste classique de l’opposition intra-endophorique entre DC et démonstratifs anaphoriques et pousse à emprunter une autre voie comparative, qui conduit aux démonstratifs ostensifs. La comparaison que nous opèrerons, dans les troisième et quatrième parties, entre les démonstratifs ostensifs et les DC, en même temps qu’elle établira la vicinité cognitive des deux types de démonstratifs, permettra de mettre au jour, de façon plus précise et plus juste qu’auparavant, quel est le réel fonctionnement des DC.