À travers cet article, nous souhaitons proposer un regard épistémologique non sur un pan de la géographie, mais sur l’enseignement de la discipline. À partir de deux situations d’enseignement de l’épistémologie de la géographie, assurées par chacune de nous en 2020-2021 dans la même université, l’un à un public de L3 Histoire, l’autre à une promotion de Master MEEF, nous nous sommes en effet confrontées aux récits de la discipline que nous transmettons à nos étudiant·es et donc à ceux qui nous traversent, nous questionnent et nous construisent en tant que chercheuses. Nous prenons au sérieux l’idée que nos enseignements reflètent des convictions épistémologiques qui animent par ailleurs nos recherches, et que ce détour éclaire des postures d’enseignant·es-chercheur·es en géographie. Ainsi, cet article revient d’abord sur les convictions épistémologiques qui ont guidé des choix didactiques, qui décident de souligner les modalités de productions matérielles et institutionnelles du savoir géographique. Puis, nous revenons sur les choix pédagogiques qui ont tenté de mettre en œuvre ces convictions, en particulier au travers des outils proposés par les pédagogies actives. Enfin, dans un retour sur la discipline, nous interrogeons ce que ces choix épistémologiques, didactiques et pédagogiques disent de ce qu’est – pour nous – « la » géographie, ses mécanismes de validité et de légitimation, dont l’enseignement contribue finalement pleinement.