Dans un domaine appartenant à l'église de Cantorbéry, existe un village appelé Yfeld en anglais, où se déroula une chose admirable, digne d'être relatée 1. Dans la maison d'un certain Thomas, de noble origine selon le siècle, pendant l'absence de la mère de famille, les dépendants, comme il arrive souvent, convoitant un bon repas, demandèrent aux deux filles de la famille de leur donner un fromage pour accompagner leur pain. Ainsi, ils abusèrent de l'imprudence de la plus jeune, appelée Salerna, qui, prenant les clés, entra et ressortit de la resserre avec beaucoup de hardiesse. À son retour, la mère ne trouvant pas le bon nombre de fromages, interrogea ses filles qui restèrent muettes. Soupçonnant la plus jeune, armée d'une baguette, elle la frappa et la menaça des pires choses. Le lendemain matin, la mère se rendit à un oratoire éloigné d'environ trois stades de sa maison. Il arriva alors (selon les dispositions du Seigneur, qui pourvoit aux choses à venir), qu'un serviteur, qui avait pourtant l'habitude de se rendre au moulin, vint s'allonger sur un tas de fourrage pour dormir. La jeune fille passa une nuit sans dormir, dans l'angoisse en pensant à sa perte. Puis elle se dirigea dans le coin le plus reculé de la maison, prétextant qu'elle allait voir son petit frère, dont elle avait la charge. Refermant la porte derrière elle, elle sortit dans la cour, et enjambant la clôture, elle allait et venait, terrifiée par le crime qu'elle avait médité. D'un côté, la peur de la mort l'en détournait ; de l'autre, l'ennemi du genre humain, ayant pris l'apparence d'une des servantes, la stimulait et la poussait en avant. Enfin, franchissant la clôture, elle ouvrit la bouche du puits, et y introduisant ses jambes, elle se suspendit par les bras. Un porcher, voyant la scène de son champ et la croyant dans l'embarras, se mit à crier. Alors, elle se laissa tomber dans le puits en disant : « Veillez sur moi, Seigneur et saint Thomas ». O pasteur vigilant et diligent, qui arrache la brebis égarée des gouffres de la mort présente et éternelle, afin que le troupeau ne soit pas ruiné par une partie de son corps ! O père très bon et favorable qui sauve l'âme agissant à contre-coeur, afin que l'ennemi ne puisse s'enorgueillir de la perte d'un membre de sa famille (...) Ainsi, la jeune fille, après avoir tourné pendant longtemps, est engloutie par trois fois au fond de l'eau. Émergeant la quatrième fois, elle vit saint Thomas lui dire : « Tu ne périras pas ; tu remonteras du puits ». Même si je raconte des choses merveilleuses et à peine croyables, elles sont pourtant véritables. À partir du niveau de l'eau, le puits s'élevait de vingt-cinq grandes coudées vers le haut, et plongeait Le diable, la jeune fille et le saint ; le suicide de Salerna Clio. Femmes, Genre, Histoire, 4 | 1996