Qu'il y ait des choses pour lesquelles l'homme a, ou peut avoir, plus d'aversion que pour la mort, l'existence du suicide le montre à l'évidence (Bernard Mandeville, La Fable des Abeilles, 1714, trad. L. et P. Carrive, Paris, 1974, p. 162).En posant ici la question du suicide, nous voudrions éviter de donner l'illusion qu'en juxtaposant toutes les morts possibles, nous viendrons à bout de tous les problèmes relatifs à la mort. En fait, comme Marcel Mauss l'avait bien vu, nous ne pouvons pas préjuger des rapports entre les différents types de mort dans une société donnée. Nous ne pouvons pas non plus postuler que le suicide n'est qu'un type particulier de mort, alors que la mort en général peut sembler trouver son origine dans un acte de volonté équivalant à une conduite suicidaire : le péché du premier homme passe pour être à l'origine de la mort, dans bien des mythologies, et pas seulement dans la pensée chrétienne. Un péché « mortel » allie précisément la Mort à un acte de volonté. Enfin comment le Fils de Dieu, dont la volonté était sans limite, aurait-il pu mourir sans l'avoir profondément voulu ? La question a été posée par saint Thomas d'Aquin.
Les images envahissent aujourd'hui tous les aspects de notre culture. Par le cinéma, la télévision, l'ordinateur, les mêmes images inondent la planète. La plupart sont nouvelles, très différentes des tableaux, des photographies ou des gravures qui, il y a peu de temps encore, étaient seuls à exprimer et à fixer l'imaginaire individuel et collectif. Les plus récentes sont dites virtuelles : ces images semblent n'avoir pas d'autre origine qu'elles-mêmes ; à la manière des images de rêve, elles s'engendrent de leur propre mouvement et de manière aléatoire. Pour l'historien, cependant, il n'y a de nouveauté qu'inscrite dans une histoire longue qui invite à rétablir les continuités temporelles que l'observation immédiate du présent risque de masquer.
La floraison, dans les toutes dernières années, des études sur le culte des saints et l'hagiographie au Moyen Age témoigne du dynamisme de ce chantier d'histoire et de la conscience qu'ont les historiens de son importance pour la compréhension des sociétés médiévales. Je voudrais ici moins dresser un bilan de tous ces travaux que proposer quelques réflexions nécessairement partielles, et volontairement partiales puisque centrées sur deux livres ou mieux deux œuvres : d'une part les derniers travaux de Peter Brown sur l'Antiquité tardive et les premiers siècles du christianisme ; d'autre part, pour les trois derniers siècles du Moyen Age, la belle thèse et un recueil d'articles d'André Vauchez. Ces deux ensembles de publications guideront ma réflexion, nourrie par ailleurs d'un grand nombre de travaux récents, souvent eux aussi d'une très grande richesse, qu'il s'agisse de colloques internationaux, de recueils collectifs ou de travaux individuels.
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