Cet article propose une analyse de la mise en scène de la violence dans le théâtre de Calderón, en portant une attention spéciale au recours aux têtes coupées et à ses différentes fonctions selon les genres dramatiques. En partant de considérations générales sur la violence dans les différents niveaux dramatiques (action, personnages, langage, mise en scène), il analyse l’élément pathétique, surtout dans les tragédies, ainsi que les dérivations comiques et grotesques dans certains cas. Parmi les exhibitions truculentes et macabres (cadavres, exécutions, assassinats...), le recours aux têtes coupées est particulièrement remarquable, présent non seulement au niveau verbal, à travers des références dans le texte, mais surtout comme élément scénique dans plusieurs usages et techniques (têtes en cuir et carton, tables dotées d’orifices, plateaux dissimulés, utilisation de trappes, etc.). Il en ressort que Calderón utilise des éléments d’une cruauté truculente, comme les têtes coupées et autres mutilations, dans plusieurs genres et contextes, pour l’exploitation multiple du pathos tragique et du comique grotesque, parfois avec des intentions de pédagogie moralisante, ou encore comme mécanisme pour le rire et l’humour noir.