Paris, Kuala Lumpur, New York, Doha, Berlin, Honolulu, La Chaux- de-Fonds : chacune de ces villes accueille un musée d’art islamique, et bien d’autres encore s’ajoutent à cette liste. Depuis les années 2000, et en particulier au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de plus en plus d’institutions culturelles investissent en effet ce secteur culturel. Dans ce contexte d’« islamania » muséale internationale, ce livre se penche pour la toute première fois sur le cas de la France, à travers les exemples du Musée du Louvre et de l’Institut du monde arabe. En analysant les mises en scène de l’islam depuis les Expositions coloniales du XIXe siècle à nos jours, cet ouvrage montre qu’il est à la fois utilisé par l’État français pour gérer l’altérité islamique et le reflet de politiques publiques à l’égard de la religion musulmane. Plus largement, le traitement muséal de l’islam permet de réfléchir à la régulation du religieux, et par conséquent à la laïcité. Il illustre aussi les tensions politiques et sociales qu’entraînent la présence de l’islam en France et, par extension, la place de l’autre dans les sociétés occidentales désormais multiculturelles et globalisées. S’intéresser à l’« islam des musées » dépasse ainsi l’observation de l’histoire d’un genre artistique, cela permet de rendre compte d’une partie de notre histoire culturelle, politique, sociale et religieuse. Diletta Guidi est docteure en lettres et en science politique. Elle a étudié l’histoire de l’art et la sociologie des religions en France, aux Émirats arabes unis, au Canada et en Suisse. Elle est actuellement maître-assistante à l’Université de Fribourg. Cet ouvrage est issu de sa thèse de doctorat, qui en 2020, a reçu le prix Vigener pour la meilleure thèse de la Faculté des lettres de Fribourg.