À partir d'une enquête qualitative, l'article examine comment les aides apportées par la famille autour de l'entrée en institution d'une personne âgée sont décrites comme étant organisées autour de moments bien identifiés. À chacun de ces moments correspondent des normes, qui organisent la participation des membres de la parenté et la répartition des tâches d'aide entre eux. En adoptant une approche par moments puis une approche par cas, cet article montre que les engagements des individus ne se laissent enfermer ni dans une temporalité continue ni dans une définition stable d'un groupe d'« aidants » parmi les apparentés. L'analyse, à la fois configurationnelle et dynamique, des aides familiales permet ainsi de restituer les conditions, les modalités et les contextes, sans oublier le sens que ces aides prennent pour les individus impliqués.
Politiques sociales et familiales n°119 -mars 2015 19 Parentalité -Relations familiales(1) Ils rappellent ainsi que des travaux assez anciens avaient montré qu'en « deux ans, la moitié des enfants aidants, particulièrement ceux issus des plus grandes fratries, ne participaient plus à l'aide, malgré l'aggravation des personnes dont ils s'occupaient » (Clément et al., 2005, p. 161). (2) Voir Clément et al., 2005, p. 161. (3) Claude Martin repose les éléments de la typologie publiée plus tôt concernant l'aide aux parents âgés (Joël et Martin, 1998) comme des éléments pouvant éclairer l'ensemble des relations d'entraide dans la parenté (Martin, 2002, p. 65).
Des configurations d'aide en mouvementLes mobilisations des fratries à la suite de l'entrée d'un parent âgé en institution
Solène BillaudInstitut national de la recherche agronomique, unité alimentation et sciences sociales -Centre Maurice Halbwachs, équipe Enquêtes, Terrains, Théories (ENS-EHESS-CNRS).
Mots-clés :Relations familiales -Parent âgé -Fratrie -Aidants -Institution pour personne âgée.
Politiques sociales et familiales n°119 -mars 201520 Parentalité -Relations familiales (4) Plus récemment, les travaux sociologiques ont également insisté sur l'inscription des aides familiales aux personnes âgées dans un contexte local qui les contraint (Gucher, 2013), sur l'articulation des aides familiales et professionnelles à domicile (Bloch, 2012), ou encore sur les conséquences de l'engagement dans l'aide sur la vie personnelle des aidants (Campéon et al., 2012). Toutefois, ces perspectives passionnantes ne sont pas celles retenues ici.(5) Au sein des maisons de retraite, les personnes âgées sont désignées par le terme de « résidents », alors que dans les unités de soins de longue durée à l'hôpital, elles sont appelées « patients ». La plupart des personnes rencontrées pour cette enquête étant dans le premier cas, on utilisera parfois le terme « résidents » de manière générale.