Les mangados : lire des mangas à l’adolescence

Dégagement, participation et engagement culturel des jeunes : des concepts pour une problématique mouvante

“…s'écrit progressivement et engendre une patrimonialisation et une légitimation plurigénérationnelle, qui font également l'objet de formes cultivées d'appropriation (c'est-à-dire centrée sur les contenus). Les objets d'investissement sont donc en nombre potentiellement illimité et tous, des grandes oeuvres de l'humanité aux produits des industries culturelles -mangas (Détrez et Vanhée, 2012), fanfictions (François, 2009)…”

Les pratiques culturelles des adolescents à l’ère du numérique : évolution ou révolution ?

“…Être de « son âge » est ainsi tout un travail où il s'agit de se démarquer à la fois des adultes et des plus petit-e-s. C'est bien ce qui apparaît également dans une enquête qualitative, menée auprès d'adolescent-e-s, lecteurs et lectrices de mangas (Détrez et Vanhée, 2012) : lire des mangas permet de se distinguer des parents, qui sont jugés « trop vieux » pour s'adapter à la lecture japonaise, mais également à l'enfant qu'on a été. Les lycéens qui persistent dans ce genre de lecture décrivent ainsi avec condescendance les collégiens, lecteurs de Naruto.…”

“…Mais cela ne signifie pas la fin des logiques de distinction, qui plutôt que de disparaître dans un éclectisme à tout va, se recomposent et se métamorphosent (Coulangeon, 2011). Ainsi, sur un corpus de mangas, qui pourrait sembler complètement en dehors du radar des légitimités culturelles, les adolescent-e-s parviennent à retisser des logiques de démarcation (Détrez et Vanhée, 2012). D'abord, et dans le même mouvement que ce qui vient d'être montré pour les genres musicaux, il s'agit, pour les filles de milieu favorisé, de se distinguer des goûts des filles de milieu populaire en adoptant les goûts des garçons, en se situant de façon originale dans la segmentation de la production des mangas (shojo pour les filles, shonen pour les garçons -Qu'est-ce qui vous a plu dans la Japan Touch ?…”

Benoît Berthou (dir.), La bande dessinée : quelle lecture, quelle culture ?

“…Dans cette optique -qui défie l'opposition entre « Culture » consacrée et médias « de masse » -, la bande dessinée est envisagée comme un dispositif culturel en constante mutation, ancré dans ses contextes sociohistoriques et se développant en dialogue avec d'autres médias. Dans Les mangados : lire des mangas à l'adolescence 2 , Christine Détrez et Olivier Vanhée appliquaient déjà une approche similaire à l'étude d'un profil de lecteur spécifique, le « mangado » 3 rôle important, mais non exclusif, dans l'acquisition du goût pour la bande dessinée, qui peut également se faire via des déclinaisons transmédias, la bibliothèque et/ou les pairs. Ces derniers points restent cependant des zones d'ombre dans l'enquête réalisée et leur impact gagnerait donc à être analysé plus en profondeur.…”