Les sources littéraires latines qui évoquent tout ou partie des pratiques funéraires permettent de restituer un cycle des funérailles organisé en trois temps. Le premier temps est consacré à renforcer l'impression que le mort coïncide avec son corps. Après qu'on en a clos les yeux et la bouche 1 , le corps est lavé 2 , parfumé 3 , habillé 4 et disposé de manière à revêtir un aspect qui le rapproche de celui qu'il présentait de son vivant. L'image qu'il offre au regard s'apparente à celle de l'endormi 5 , brouillant la frontière existentielle que la mort physiologique est censée avoir tracée entre un avant et un après. Le mort est ainsi restauré dans un semblant de présence qui le rende à même de partager le temps des funérailles avec les endeuillés qui l'accompagnent. Ceux-ci, dans un mouvement inverse, s'acharnent à ressembler au mort. Leurs corps, partiellement dénudés 6 , ne sont plus que plaies à force d'avoir été lacérés