Cet article se donne pour objectif de décrire la structure morphologique des bases verbales sélectionnées par la suffixation en -ment dans les dérivés nominaux néologiques du français contemporain. A partir de l’analyse des 1286 paires verbe-nom en -ment tirées de la base lexicale VerNom (Missud, Amsili, Villoing, 2020), vérifiées et annotées en contexte, il montre que, contrairement à ce que prédisent les rares travaux sur les nominalisations tout venant, la suffixation contemporaine en -ment se caractérise par de fortes contraintes sur la structure morphologique des bases verbales qu’elle sélectionne. Elle privilégie très majoritairement les bases verbales construites, et parmi celles-ci, les verbes préfixés déverbaux à interprétation itérative et inversive ainsi que les verbes issus d’une conversion dénominale. Cette préférence est un indicateur fiable de la spécificité contemporaine de -ment relativement à ces rivaux, les suffixes -age et -ion.