Notre thèse est que nous ne pouvons pas sortir de la crise de la démocratie et des systèmes de gouvernance en Europe si nous ne maîtrisons pas les mutations profondes qui traversent la société européenne. L'une des principales caractéristiques du processus de mondialisation néolib-érale est d'avoir transféré des pouvoirs de régulation stratégique des institutions publiques et des représentants des populations aux acteurs économiques les plus puissants. Des crises de régulation et des dysfonctionnements structurels sont provoqués par le fait que, en l'absence de contre-pouvoirs efficaces, les oligarchies économiques deviennent, dans les faits, les régulateurs de processus dont ils sont les acteurs. Dans ce contexte, les institutions européennes sont les plus pénalisées parce que la Communauté européenne a été conçue pour intervenir dans le domaine économique et non pas dans le domaine politique ou social. Ce déséquilibre affecte les possibilités de gouvernance des sociétés européennes étant donné que, au niveau des Etats, les applications du principe de subsidiarité sont très inefficaces. Cependant, dans le cadre de la préservation des valeurs européennes, les crises profondes comme celle que l'on observe aujourd'hui imposent des choix stratégiques et constituent donc des opportunités pour des changements d'envergure.