De nombreux enfants au Brésil bénéficient d’un pluralisme de soins, administrés au quotidien par divers acteurs dans un souci prophylactique ou de guérison. Ils sont au centre de l’attention des agents communautaires de santé, principaux acteurs de la mise en place de la politique publique du Programme de santé de la famille. Un ensemble de soins du quotidien, recouvrant diverses formes de médication et pratiques alimentaires, leur sont par ailleurs procurés par leurs mères et grand-mères. Enfin, les enfants sont régulièrement bénis à domicile par des spécialistes des maux du corps et de l’esprit ou par leurs mères afin de les guérir de plusieurs affections et de leur apporter une protection spirituelle. À partir d’une ethnographie réalisée dans le centre-ouest du pays et de résultats d’une recherche achevée, l’étude de ces recours hétérogènes met en évidence leur inscription dans des espaces de proximité, certaines catégories nosologiques émiques pour lesquelles les enfants sont soignés, ainsi que les conceptions locales que se font les adultes des corps enfantins. La compréhension des logiques qui sous-tendent ces formes de soins trouve une clé de lecture dans l’analyse des dynamiques relationnelles et spatiales locales. Leur agencement varie selon des critères de relations intergénérationnelles, de jeux de pouvoir et de légitimité, y compris concernant les univers religieux dans lesquels ces pratiques s’inscrivent. Il donne jour à des soins caseiros, c’est-à-dire propres à l’espace thérapeutique tissé entre les rues et les maisons des quartiers. Prenant appui sur la démarche ethnographique et sur la portée heuristique d’une catégorie émique, celle de caseiro, l’article contribue à remettre en question et à complexifier l’association entre soins quotidiens portés aux enfants et sphère domestique de la vie sociale.