Phénomène emblématique du Néolithique, le mégalithisme fait l’objet de recherche depuis plus d’un siècle en France. Les méthodes d’étude de ces architectures n’ont eu de cesse d’évoluer depuis les années 1950, en cherchant petit à petit à sortir de la chambre sépulcrale pour s’intéresser à la masse tumulaire puis à l’environnement des monuments. Les premières constructions mégalithiques - tombes à couloir, coffres et pierres dressées - émergent dans le second quart du V e millénaire sur la façade atlantique. Dès les premiers temps, le caractère monumental de ces mégalithes est particulièrement remarquable. Par la suite, de nombreuses expressions architecturales apparaissent et se développent (dolmens transeptés, dolmens angevins, sépultures à entrée latérale…) mais la chronologie fine du phénomène reste encore méconnue. Considéré comme plus tardif, le mégalithisme méridional se développe au IV e millénaire et se caractérise par des monuments de plus petites dimensions que l’on peut schématiquement classer en trois styles : languedocien, caussenard et pyrénéen. Les hypogées d’Arles-Fontvieille, qui constituent des tombes semi-mégalithiques, se distinguent par leur monumentalité. La confrontation entre les mégalithismes de ces deux aires géographiques révèle des différences notables. Le rapport à l’espace est l’un des éléments les plus notables avec un monde atlantique qui privilégie un modèle de développement agrégatif, avec une tendance au rassemblement des monuments au sein d’une même masse tumulaire ou de nécropoles, et un monde méditerranéen, qui favorise un modèle exclusif, où les monuments sont davantage dispersés dans le paysage, rarement rassemblés en nécropole et jamais sous un même tumulus. Les manières distinctes de dresser les pierres, plutôt « plantées » dans l’Ouest, plutôt « de chant » dans le Sud, participent également à distinguer deux traditions techniques et culturelles. Ces traditions différentes s’expliquent par des contextes socio-économiques d’émergence contrastés mais sans doute également par des rapports différents aux ancêtres et aux lignages qu’il faudra chercher à mieux comprendre dans l’avenir.