En tant que textes interactifs et ergodiques, les oeuvres littéraires numériques contemporaines, francophones et non, programment l’intervention empirique de l’interlecteur·rice sur l’écran comme une condition d’actualisation du texte et du sens. Le corps de l’interlecteur·rice et son « effort non trivial » (Aarseth, 1997) sont nécessaires pour la traversée de l’œuvre et pour le dévoilement de ses contenus, qui se déclenchent justement grâce à ses gestes et actions. Loin d’être anodines ou purement mécaniques, ces manipulations de l’écran et de l’espace fictionnel requièrent un effort interprétatif, qui les rend actualisables et signifiantes. Cependant, à ce jour, peu d’études se sont intéressées au rôle précis des gestes et des actions des interlecteur·rice·s en tant que manifestation d’un parcours interprétatif. Dans cet article, nous faisons état d’une expérience de terrain, menée avec un groupe d’enfants d’école primaire, que nous avons confronté·e·s à un échantillon d’oeuvres littéraires numériques conçues pour écran tactile. Nous souhaitions observer leur compréhension, leur interprétation et leur manière de répondre gestuellement à la programmation de l’œuvre.