“…Chez les jeunes qui résident en cité, la police devient à la fois un sujet de préoccupation fort et un point d'ancrage de leur socialisation politique. Il faut entendre par là que pour ce public -qui prend très lar gement distance à l'égard de la politique institutionnelle (non seulement par une faible participation électorale, mais aussi par une non-inscription sur les listes électorales, comme l'ont montré les enquêtes de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen [12]) -, la police, à laquelle, après l'école, ils sont le plus immédiatement confrontés, sur un mode de mésentente et de violence réciproques, est symbole de l'État. La rhétorique politique actuelle, qui vise à faire de la police le double rempart de la citoyenneté et de la République, renforce cette logique, en sacralisant toute atteinte, qu'elle soit physique ou symbolique, faite aux policiers -rhétorique parallèle à la sacralisation de l'espace scolaire comme espace liturgique des valeurs de la République.…”