Cet article se propose de réfléchir aux modes d’installation des enclaves pétrolières en milieux difficiles ; il s’attache aux procédures qui visent à prémunir l’activité extractive du potentiel de perturbation et/ou d’hostilité dont recèlent ces milieux. Dans un premier temps, et en se penchant sur le cas d’enclaves installées dans des milieux naturels hostiles à la vie, on montre en quoi le mode d'organisation des espaces extractifs est un outil important de leur immunisation : il relève d’une « architecture du vide » (Sloterdijk) qui, par la production d’un espace inclusif et autonome, permet d’affranchir l’activité des conditions et contingences des milieux où elle se déploie. Dans un second temps, on s’intéresse aux enclaves dépêchées dans des milieux « pleins » (peuplés et territorialisés), où les procédures d’immunisation s’enrichissent de mécanismes défensifs (systèmes de clôtures) et interventionnistes (pratiques de développement durable). On discute enfin de l’émergence d’un paradigme éthique qui s’enchevêtre dans les stratégies visant à garantir la permanence des activités extractives.