Les épidémies nécessitent un suivi d’indicateurs fiables et pertinents, afin d’éclairer les prises de décisions
sanitaires. Durant la pandémie de SARS-CoV-2, le suivi de la dynamique virale au sein de la population par
les approches individu-centrées s’est révélé complexe et fortement influencé par les porteurs asymptomatiques et
les modifications de la politique de dépistage. Dans ce contexte, d’autres indicateurs de suivi épidémiologique global
ont été très rapidement proposés. La quantification du virus dans les eaux usées, via des outils de biologie moléculaire,
s’est très vite révélée comme un indicateur de suivi de l’épidémie de Covid-19 novateur et objectif. Cette
« épidé miologie par les eaux usées » (WWBE pour wastewater-based epidemiology en anglais) dont la pertinence
avait été démontrée quelques années auparavant, est à présent un outil complémentaire de suivi épidémiologique.
Cet indicateur est recommandé par l’Union européenne depuis mars 2021. Le consortium Obépine, regroupant des
équipes de recherche interdisciplinaires a, dès le début de l’épidémie, travaillé sur cette thématique afin d’approfondir
et de maîtriser cet outil. Ce consortium de recherche est également à la base du réseau de surveillance national
français de l’épidémie via les eaux usées. Les méthodes de mesures, encore en cours d’optimisation dans les labo -
ratoires de recherche, nécessitent néanmoins de grandes précautions dans leur mise en oeuvre et leur interprétation
pour un usage de routine. À travers l’exemple du programme de recherche et du réseau construit par Obépine, nous
aborderons ici les différentes étapes nécessaires à la constitution de ce suivi épidémiologique via les eaux usées.
Différentes étapes nécessaires à sa maîtrise sont présentées ici ainsi que les premiers enseignements à retenir.