Le présent article propose l’analyse de la mise en place en 2005 d’un espace discursif dans La Liberté, hebdomadaire francophone du Manitoba, à propos des modalités d’appartenance et les conditions d’inclusion et d’exclusion dans la communauté franco-manitobaine. À l’aune de la prise de parole publique de Daniel Lavoie, auteur-compositeur-interprète d’origine franco- manitobaine qui a déménagé au Québec dans les années 1970, autour de la construction imminente d’un immeuble de résidences privées (le « 500 Taché ») sur une artère principale à Saint-Boniface (Manitoba) – un projet qui a causé des divisions profondes dans la communauté franco-manitobaine à l’époque – l’auteure du présent article observera non seulement le rôle de la langue dans la construction de la frontière sociale au Manitoba français, mais aussi la place que peut légitimement occuper un groupe de personnes ayant quitté le Manitoba durant la période 1960-1980 dans les prises de décisions ayant trait à la gouvernance communautaire et à la gestion du patrimoine. Cet article s’insère dans des recherches en cours sur le sentiment d’appartenance de « ceux qui sont partis » du Manitoba vers l’Est entre 1960 et 1980 ainsi que les frontières d’inclusion et d’exclusion au Manitoba français.This article is an analysis of the discursive space surrounding the terms and conditions of belonging in the Franco-Manitoban community of Saint-Boniface (Manitoba) in 2005. The discourse that is herein analyzed appeared in La Liberté, a French language weekly newspaper. Daniel Lavoie, a Franco-Manitoban singer-songwriter who moved to Québec in the 1970s, addressed a letter to La Liberté expressing his disagreement with the construction of a high-rise, privately owned, residential building on historical ground (the “500 Taché” project). His statements became the center of a spirited debate in the newspaper’s pages, as this construction project deeply divided the local community at that time. This analysis of the “500 Taché” project is part of a larger, ongoing analysis of the role of language in the creation of social boundaries in French Manitoba, and the legitimacy of people who left the province as social actors in present day community events and decisions