Si les études historiques récentes mettent en évidence d’importants mouvements migratoires avant la révolution industrielle, elles soulignent également leur nature majoritairement temporaire. Pour l’essentiel des immigrants, l’arrivée dans une ville n’est qu’une étape dans un parcours parfois sinueux qui est déterminé à la fois par leurs attentes et les conditions d’accueil qu’ils rencontrent sur leur chemin. Cette étude, qui s’appuie sur les permis de séjour de la ville de Genève entre 1837 et 1843, vise à rendre compte, d’une part, de la diversité des stratégies d’utilisation de la ville et, d’autre part, de l’influence de certaines caractéristiques socioéconomiques dans la durée d’implantation en ville. À cette fin, l’étude du risque de départ est une technique très parlante qui permet de distinguer des groupes d’individus qui arrivent en ville avec un projet préétabli, d’autres qui, connaissant mal leur environnement, comptent essentiellement sur leur bonne fortune pour trouver de quoi y subsister quelques temps. Les premiers peuvent compter sur une forte solidarité entre pairs, alors que les seconds sont souvent tributaires de leur capital économique et social pour faire leur place.