Mobilités, altérités et imaginaires migratoires : regards croisés sur les migrations des travailleuses domestiques philippines

Abstract

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« Always wear a smile on your face! »

“…Si l'analyse du « sourire » en tant que norme professionnelle dans l'économie mondialisée du travail domestique révèle plus largement comment les modes de gouvernementalité à l'oeuvre dans les formations pré-migratoires fabriquent des corporalités serviles, il importe toutefois de rappeler en guise de conclusion que derrière ce sourire − et plus largement les savoir-faire et les savoir-être enseignés − se jouent des formes de résistance. Le sourire peut en effet constituer une pratique de déférence afin de satisfaire l'employeur.e et dans le même temps servir à négocier des augmentations de salaire, des jours de congé, ou une amélioration des conditions de travail (Debonneville, 2016 ;2019). Plus largement, ces stratégies de résistance peuvent être d'ordre collectif (par exemple : solidarité…”

Devenir travailleuse domestique

“…Cette dimension transnationale des migrations ouvre en effet la voie à la circulation des représentations, des frontières et des imaginaires. Par la circulation des informations qu'ils impliquent, les réseaux deviennent en effet l'un des supports de la matérialisation des imaginaires migratoires dans lesquels se jouent les carrières migratoires (Debonneville 2019a). Ces derniers représentent en ce sens des fictions narratives construites sur la base d'images mentales et de perceptions sélectives des personnes et de l'espace, de l'autre et de l'ailleurs (Appadurai 2001 ;Simon 2006 ;Piguet 2013).…”

“…À travers cette mobilité spatiale, on constate donc que le projet professionnel et migratoire de Maricel se dessine par étapes. En regardant de plus près les « choix » de pays de destination, on constate comment s'articulent mobilité géographique et mobilité professionnelle et sociale (Debonneville 2023). Pour certaines de ces migrantes, lorsque le projet migratoire remplit leurs attentes et qu'elles sont capables d'épargner, elles réinvestissent cet argent dans leur migration afin de poursuivre leur carrière professionnelle en se dirigeant vers un pays où l'exercice du travail domestique est, selon elles, plus valorisé économiquement et socialement.…”

“…Les migrations constituent en ce sens un moment où les territorialités et l'altérité sont travaillées par les imaginaires qui par la suite pèsent sur les carrières migratoires. Ces imaginaires sont dès lors bien réels par l'intermédiaire de marchands d'imaginaires (composés d'acteur•rice•s et d'institutions), de politiques publiques, de formations, de pratiques de recrutement ou encore de réseaux transnationaux (Debonneville 2019a).…”