Les cueilleurs professionnels de plantes sauvages en France métropolitaine forment un groupe professionnel très hétérogène. Autrefois liée aux activités paysannes, la cueillette est désormais pratiquée par des personnes dont les parcours de vie et les discours se rapprochent de ceux des néo-ruraux. Différents processus de professionnalisation sont à l’œuvre au sein de ces acteurs œuvrant aux marges du monde rural et dans les espaces naturels. Les revendications des cueilleurs sont portées par différentes organisations collectives, et visent par exemple la durabilité des sites de cueillettes, l’amélioration de leurs conditions de rémunération, ou encore la reconnaissance de l’herboristerie. Mais au-delà des différents chemins qu’ils empruntent pour faire évoluer leur métier, les cueilleurs que nous avons interrogés font voir un rapport au travail bien particulier. Celui-ci laisse place à des dimensions sensibles, émotionnelles ou irrationnelles, dans une relation dynamique avec le vivant. La cueillette constitue ainsi un exemple intéressant de « travail vivant », à même de nourrir une critique de l’organisation dominante du travail, source de souffrances multiples et généralisées.