Nouveaux opérateurs privés du service public de l’emploi

Quand l’État fait son marché, quels effets pour les opérateurs ?

“…C'est sur ce niveau opératoire que, dans un second temps, nous porterons le regard pour montrer l'effet de ce cadre normatif sur les interactions entre opérateurs. En effet, la plupart des travaux portant sur l'externalisation et la marchandisation discutent la plus-value d'un recours à un prestataire extérieur en termes d'accompagnement et de résultats en termes de retour à l'emploi (Divay, 2009 ;Parent et al, 2014). En décalage avec ces travaux comme avec ceux abordant la marchandisation de l'action publique sous un angle généraliste, nous proposons d'observer, sur la base d'un travail empirique de sociologie de l'action publique, les effets de la logique de marchés publics sur les relations entre acteurs de l'emploi et les stratégies de résistances à sa mise en oeuvre.…”

“…« On a aussi la notion de non-préférence concurrentielle, c'est-à-dire je ne vais pas pouvoir, même si je trouve une association qui offre un service, même s'il est pas payant, mais qui pourrait être concurrentiel avec un service payant, même si je trouve que c'est formidable, je vais pas pouvoir en faire la publicité auprès des demandeurs d'emploi, pour être clair, puisque je pourrais être attaqué enfin d'avoir mis en oeuvre une concurrence déloyale » (conseillère, agence Pôle emploi). Il existe deux raisons principales à cela : d'une part, l'impossibilité de choisir le prestataire en fonction de sa connaissance des acteurs locaux ; d'autre part, la mise en place d'instruments pour échanger sur le parcours et l'accompagnement du demandeur d'emploi qui renforcent les rapports de force entre le donneur d'ordre et le prestataire dans la mesure où ils ne permettent pas une communication entre les différentes parties prenantes (Divay, 2009). Une conseillère Pôle emploi explique ainsi que « les prestataires les plus couramment utilisés, oui ils peuvent nous joindre.…”