HistoriograpHie des prisons médiévalesDans l'historiographie française, les prisons médiévales ont longtemps été abordées sous le seul angle de l'histoire du droit et des institutions. Il s'agit là d'un héritage direct du XIX e s., lorsque se met en place un nouvel ordre socio-légal, en lien avec la promotion de la peine de prison dans le Code pénal de 1791. Ce nouvel ordre se traduit par le déploiement, en quelques décennies, d'un semis national de vastes prisons, en particulier après le virage répressif des années 1830-1840 1 . Liant étroitement l'histoire des prisons anciennes au devenir de la pénalité contemporaine, les érudits proposent deux types de récit antagonistes : certains mettent en scène la rupture et le progrès judiciaire qu'aurait permis le Code pénal par rapport à la dureté et l'arbitraire du régime carcéral d'Ancien Régime 2 ; d'autres insistent sur le progressif adoucissement du système pénal, bien avant la Révolution, dès le Moyen Âge central, grâce aux efforts conjugués de l'Église et de la monarchie 3 . Cette histoire des prisons anciennes, prise en charge par des serviteurs de l'État comme Constant Leber et Charles Desmaze, est d'emblée dominée par un certain juridisme et reste hégémonique durant une bonne partie du XX e s. 4 . Marquée par les jalons importants que sont les articles de Roger Grand et d'Annik Porteau-Bitker, elle s'articule autour de l'idée d'une distinction des "fonctions" juridiques de la prison (préventive, coercitive et pénale) 5 .De pierres et de textes Les espaces carcéraux au Moyen Âge 10 11