La recomposition sociodémographique des campagnes entraîne des répercussions sur les interactions locales et les rapports de pouvoir. Les appréhender demeure un défi, car les analyses se limitent souvent aux seuls conflits entre néoruraux et ruraux de longue date autour d’enjeux partiels, sans inclure les décideurs. Pour dépasser cette vision conflictuelle et fragmentaire, notre objectif est de dégager un portrait global des relations tant de coopération que d’opposition de quatre groupes, soit les néoruraux, les ruraux de longue date, les dirigeants d’organismes et les élus municipaux, à propos de l’ensemble des enjeux les concernant. Cet article s’appuie sur des données recueillies auprès de ces différents acteurs dans deux territoires ruraux contrastés du Québec (Canada). Après un bilan mitigé des liens sociaux entretenus lors de la participation locale des néoruraux, nous nous concentrons sur les zones de collaborations et/ou de conflits de tous ces protagonistes quant aux enjeux démographiques, économiques, socioculturels, politiques, environnementaux et agricoles. Trois tendances émergent, révélant des modalités inattendues d’interactions, des rapports de force complexes ainsi que des conceptions antagoniques de l’espace rural et de son développement futur.