Cet article porte sur les marges patrimoniales et les espaces définis par les périphéries des routes touristiques et des itinéraires culturels. Il cherche à comprendre les multiples combinaisons des interspatialités entre ces deux types d’espace, qui sont décryptées ici grâce à plusieurs modèles graphiques dont l’ambition est de déboucher sur une lecture typologique. Avec des exemples choisis à différentes échelles dans un contexte de montagne et étudiés en Suisse, en France, au Canada et aux États-Unis, il s’agit d’appréhender les différentes formes de couplage des routes et des itinéraires concernés avec leurs marges et leurs périphéries. Selon qu’ils sont isolés ou organisés en réseaux dont les niveaux de connectivité et de connexité peuvent être élevés, les agencements spatiaux bâtis autour de ces axes touristiques et culturels répondent à des schémas plus ou moins récurrents. Des processus et des outils d’intégration ou, au contraire, de marginalisation sont ainsi identifiés pour révéler, par exemple, des « effets d’ombrage » liés à une trop grande proximité, un effacement ou une protection des marges par la traversée des espaces, ou encore des périphéries plus ou moins autonomes par rapport aux routes et qui fonctionnent comme des isolats. Les espaces parcourus sont vécus et expérimentés par les acteurs touristiques en même temps qu’ils donnent lieu à des aménagements plus ou moins élaborés. Les marques de la patrimonialisation sont ici envisagées comme des traceurs des processus spatiaux en cours. Au final, les marges patrimoniales et les périphéries touristiques sont indissociables des routes touristiques et des itinéraires culturels eux-mêmes et leur compréhension va de pair.