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victimisation. It arises thus from the data collected that this workplace is a universe of paradoxes as well on the absence of agreement between the real risks incurred and on the absence of agreement between the position of authority of the supervisors and their feeling of vulnerability and impotence. In spite of control measurements and coercion in the prison institutions, the correctional agents feel vulnerable when doing their work.Introduction L'univers carcéral, lieu de détention contre leur gré d'un grand nombre de personnes, est un monde particulièrement complexe. Les surveillants, présents de façon constante et en contact étroit avec la population privée de liberté, en constituent une des faces centrales. Dans les socié-tés occidentales, les auteurs (Caroll, 1974 ;Montandon et Crettaz, 1981 ;Lombardo, 1989 ;Chauvenet et al., 1994 ; Crouch, 1995 ;Crawley, 2004 ;Chauvenet, 2006) ont montré que ce groupe devait faire face non seulement à d'importants changements dans le travail qu'il exerce dans l'institution, changements dans le rôle qui lui est imparti comme dans la place qu'il occupe dans la structure hiérarchique des intervenants du milieu, mais encore à des confl its entre les différents rôles qui lui sont alloués, les uns nécessitant fermeté et coercition, les autres demandant écoute et empathie. Certains ont parlé de tensions (Jacobs, 1980), d'autres de confl its de rôle (Hepburn, 1989 ;Chauvenet et al., 1994), de perte identitaire (Lhuillier et Aymard, 1997 ;Froment, 1998) ou encore d'atomisation (Vacheret, 2002).
187Dans les institutions pénitentiaires du monde occidental, les prisonniers, ne disposant d'aucun contrôle réel sur leur vie quotidienne ou sur leur avenir, sont soumis aux règlements internes, au caractère relativement arbitraire des décisions prises à leur égard, à des mesures coercitives et à des intrusions régulières dans leur intimité. La séparation structurelle entre gardiens et gardés engendre, par ce fait même, un rapport de force constant, rapport de résistance et d'opposition mutuelles. Détenteurs d'un certain pouvoir sur ce groupe, les gardiens représentent, par leur rôle et leur uniforme, cette domination. Toutefois, les études montrent que dans l'exercice de leur travail, ils se retrouvent dans une position où leur autorité leur semblerait de plus en plus menacée et dans une situation non seulement propice à des risques de victimisation de la part des détenus, mais encore génératrice d'un sentiment marqué d'insécurité (Jacobs et Retsky, 1975 ;Hepburn, 1989 ;Vacheret, 2001).L'étude dont nous présentons ici les résultats porte sur l'univers des pénitenciers canadiens. Dans ces derniers, le modèle d'exécution des sentences est, à l'heure actuelle, marqué par une administration bureaucratique, formaliste et légaliste. À partir d'une collecte de données auprès des membres du pers...