La question de la démocratisation des pratiques politiques au plan local fait régulièrement retour sur la scène publique. Après les efforts de renouvellement amorcés par les Groupes d'action municipale dans les soixante (Sellier, 1975), l'éphémère tentative de relance de la citoyenneté locale par plusieurs municipalités de gauche à la fin des années soixante-dix (Dion, 1986), les années quatre-vingt-dix ont vu se multiplier les signes d'un renouveau général de la consultation et de la participation à différentes échelles : référendums, enquêtes publiques, procédures de concertation en matière d'environnement, politique de la ville, recours croissant aux NTIC, instances participatives de quartier, conseils municipaux d'enfants, de sages ou d'étrangers... (Blondiaux, Marcou et Rangeon 1999). Qu'il s'agisse d'introduire concrètement de la délibération dans l'élaboration des politiques publiques ou d'associer symboliquement les habitants à la politique municipale, ces procédures que tout sépare ont en commun d'être accompagnées d'un discours de justification qui valorise en elle-même la participation des citoyens à la décision publique. Mais toutes ne s'inscrivent pas au même titre dans un idéal de démocratie participative. Il est clair en particulier que l'implication croissante des citoyens ou des « ressortissants » dans la fabrication des politiques publiques répond à une exigence fonctionnelle plus qu'à impératif démocratique (Warin, 1999, Papadopoulos, 1999.Tout indique cependant qu'au travers de la négociation, de la consultation ou de dispositifs tels que les conférences de citoyens, se dessine « un mouvement général de transformation des modes de décision publique », Lascoumes, 1999, p. 7) qui privilégie la délibération sur d'autres modes de légitimation des décisions (cf. également Bachir, 1999 ou Gaudin, 1999.Dans le cadre de la politique de la ville, la participation des habitants s'est imposée également comme une « obligation morale » avant de devenir une « contrainte juridique » HERMÈS 26-27',2000