Si le phénomène minoritaire corse recouvre, à partir des années 1970 surtout, une traduction politique, dont les mouvements nationalistes locaux sont l’une des manifestations, il n’y est pourtant pas réductible. Il recouvre, en effet, également des traductions sociales qui se manifestent dans des rapports sociaux et qui renvoient à une politisation diffuse de la société et notamment des espaces intellectuel et culturel. A partir de matériaux recueillis dans le cadre d’un doctorat (Terrazzoni, 2010), cet article décrit quelques-unes des formes du phénomène minoritaire corse, parmi lesquelles celle du sentiment, et met en évidence les ressorts de sa diffusion. Il s’intéresse ensuite aux potentialités oppressives (Balibar, [1988] 1997) contenues dans la manipulation politique du « paradigme de la minorité » autour des idées d’infériorisation et de disparition du peuple corse, opérée par certains nationalistes.