“…Au-delà de ses usages médiatiques, politiques et de sens commun, la terminologie pose également des difficultés aux sciences sociales. Si la définition de la radicalité (et par extension de la radicalisation) varie d'un auteur à l'autre, elle est souvent rabattue sur le thème, tout aussi polysémique, de la violence (Crettiez, 2016 ;Sommier, 2018). Or, si l'on s'attache à son étymologie bien connue (radicalis : racine), il est utile de désencastrer la notion de radicalité politique de la violence du mode d'actionet ce « même si elle l'englobe » (Dufour et al, 2012 : 7)pour la recentrer sur sa dimension hétérodoxique, au sens où « la politique commence, à proprement parler, avec la dénonciation de ce contrat tacite d'adhésion à l'ordre établi qui définit la doxa originaire ; en d'autres termes, la subversion politique présuppose une subversion cognitive, une conversion de la vision du monde » (Bourdieu, 1981: 69).…”