Résumé Dans le précédent numéro de cette revue, nous avons évoqué les facteurs incitatifs de l’engagement, même si la pertinence de critères objectifs (genrés, éducationnels, économiques) pour penser les raisons de l’engagement radical ne convainc pas toujours l’observateur. On leur a associé les incitations prévisibles à l’engagement militant – incitations matérielles de gains escomptés ou symboliques de reconnaissance sociale possible qui, dans une perspective rationnelle, constituent souvent des ressorts déterminant les investissements même les plus radicaux. Nous avons ensuite posé une réflexion sur les mécanismes cognitifs de la radicalisation qui font intervenir aussi bien les représentations idéologiques et culturelles du conflit, fruit de l’expérience vécue des acteurs, que la co-production d’une socialisation propre, primaire lorsque le milieu familial intervient, secondaire lorsque, plus tard, l’organisation modèle fortement les représentations des militants en son sein.
Résumé Proposé en deux parties, cet article vise à comprendre le processus de radicalisation violente dans des situations de conflit. On cherchera à mettre en avant les déterminismes de l’engagement individuel dans l’activisme à haut risque, complété par une étude des incitations sélectives à l’entrée dans une carrière violente. C’est ensuite la question des encouragements cognitifs à la radicalisation qui est posée à travers le rôle clef de l’idéologie et de sa traduction émotionnelle et des facteurs de socialisation à la violence qui familiarisent l’acteur et parfois même le contraignent à l’engagement radical. La suite de cet article – publié dans le prochain numéro – s’interrogera sur la notion de carrière violente, sur le poids des opportunités politiques d’action et sur les logiques d’organisation qui président au choix de l’engagement, avant de proposer une synthèse sous la forme d’un modèle schématisé.
Cet article s’interroge sur la notion très usitée de radicalisation et propose un état des recherches sur ce sujet. À travers des exemples tirés d’expériences diverses de combat, autant islamistes que nationalistes, il pose un regard non essentialiste sur la notion de radicalisation exagérément reliée aux seules études sur l’islamisme jihadiste. Il propose également un modèle d’analyse des phénomènes d’engagement progressif dans la lutte armée, privilégiant une analyse processuelle de l’engagement et une mise en avant de certains facteurs déterminants. Parmi ceux-ci, l’article privilégie une approche sociologique des formes de socialisation et d’adaptation cognitive à la violence, ainsi que psychosociologique, insistant sur les liens entre recours à la violence et rehausse de l’estime de soi.
Tenter d'analyser le phénomène des conférences de presse du FLNC, c'est s'introduire dans ce qui fait peut-être la spécificité de la violence politique en Corse : une autolimitation évidente de la violence physique et une sur-représentation -qu'on pourrait qualifier à tort de folklorique -de la violence symbolique théâtralisée. A l'inverse des autres mouvements terroristes à vocation nationale ou indépendantiste, tels que l'ETA, Iparetarak ou l'IRA, le FLNC fait preuve d'une agressivité toute relative. Si les attentats contre des bâtiments publics ou des complexes touristiques sont légion en Corse, le nombre d'assassinats politiques (c'est à dire perpétrés et revendiqués par le FLNC) 1 est extrêmement faible (16 morts d'hommes entre juillet 1981 et décembre 1990). Dans la même période, c'est par centaines que se comptent les assassinats basques et irlandais. 2Cette auto-limitation, qui définirait la spécificité du cas corse, peut trouver ses sources dans la culture insulaire. C'est ainsi que Daniel Hermant écrit : "Faire preuve de l'existence et du sérieux de l'organisation, ou affirmer sa force, peut se faire en Corse avec des coquetteries techniques, et n'est en rien contradictoire avec une grande économie de moyens. Il s'agit bien souvent d'une démonstration spectaculaire, d'une mise en scène, ou d'une sorte de parade sur le sens ethnologique de laquelle on pourrait s'interroger" 2 . Dans le même ordre d'idée, José Gil 3 souligne la traditionnelle "crainte de la mort" en Corse où tout crime de sang entraîne des conséquences nombreuses pour ses auteurs. Cette dimension anthropologique d'une peur de la mort et du processus vendettaire qui s'ensuit (sur le mode violence/vengeance), expliquerait de manière contradictoire la violence certaine de la société corse et, en même temps, auto-limitation du terrorisme insulaire qui préfère aux exécutions sommaires (touchant rarement les corses) des actions plus spectaculaires (plastiquages, conférences de presse) sans conséquences négatives sur la popularité du mouvement. Le phénomène des conférences de presse rejoint cette volonté politique d'auto-limitation de la violence. En assurant au
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