Penser le numérique : orientations pédagogiques et préoccupations de recherche en didactique des langues

Abstract

Les recherches dans le domaine des langues et du numérique existent depuis une cinquantaine d'années. Que peut-on en dire ? La question est d'autant plus intéressante et pertinente à poser qu'il est de coutume de signaler la non-cumulativité des recherches dans le domaine des technologies éducatives. Pour y répondre, nous avons choisi, dans un premier temps, de nous éloigner de la problématique du numérique en éducation pour nous intéresser à la manière dont des auteurs du domaine, à travers une sélection d'articles et d'ouvrages, pensent le numérique. Nous nous appuyons pour cela sur un cadre théorique qui comprend trois niveaux de questionnement : (1) le numérique et ses caractéristiques, (2) le couplage humain/non humain, (3) la dimension critique. Dans un second temps, nous proposons une réflexion sur la manière dont les suggestions voire les préconisations pédagogiques et les préoccupations de recherche faites par les auteurs s'articulent avec les points de vue qu'ils portent sur le numérique. Les principaux résultats de cette recherche spéculative sont ensuite discutés et présentés dans un tableau synthétique.

L’impact des corpus numériques sur la transmission et l’évaluation des connaissances en didactique des langues

“…Qu'il soit pensé en termes informatiques comme média, plateforme, support ou dispositif, l'intégration du numérique au sens large n'est pas un phénomène récent dans les pratiques pédagogiques de l'enseignement supérieur (Dejean-Thircuir & Nissen, 2013 ;Demaizière, 2007 ;Howard & Mozejko, 2015 ;Qotb, 2019 ;Soubrié, 2020). Cependant, la façon dont le numérique a réussi à s'immiscer dans de nombreux domaines disciplinaires et à se rendre indispensable nous oblige à réfléchir collectivement à cette perméabilité.…”

“…Certains, comme Guichon (2012) et Soubrié (2020), retracent l'évolution de l'acronyme ALMT, à travers des changements successifs de positionnements épistémologiques, mettant en avant le pouvoir de la précision terminologique. Kübler & Hamilton (2018).…”

La compétence numérique dans l’Apprentissage des langues médiatisé par les technologies (ALMT)

“…Il s'agit, dès lors, non plus seulement de considérer ce que l'outil offre comme possibilités à l'apprentissage d'une langue mais de prendre en compte les différents aspects qui reconfigurent, au moins en partie, les actes d'enseigner et d'apprendre une langue et en font des événements cognitifs mais aussi sociaux qui dépassent le simple fait de se dérouler par le biais d'ordinateurs. (Guichon, 2012b, p. 5) L'objectif de légitimer ce champ de recherche en didactique des langues étrangères est aussi de relever les traces historiques et les grandes étapes de la constitution d'un collectif, ainsi que de repérer des intérêts communs aussi bien autour des pratiques d'enseignement que de la recherche (Soubrié, 2020).…”

“…Plusieurs auteurs (Grosbois, 2012;Guichon, 2012a;Albero, 2013;Soubrié, 2020) pour apprendre avec le numérique, ou un environnement pour apprendre dans le numérique, celui-ci «est également envisagé comme un lieu d'échange et de socialisation. Les technologies ne viennent plus alors seulement soutenir l'enseignement-apprentissage, mais permettent également d'immerger les apprenants dans un bain linguistique et culturel» (Soubrié, 2020, p. 32).…”

“…Cette compétence encourage le citoyen à se positionner en tant qu'acteur social dans le monde numérique, en lien avec les règles et les valeurs de la présence publique sur le web, les environnements numériques, les réseaux sociaux, etc. En ce sens, l'utilisation quotidienne des appareils numériques favorise le changement des routines et des habitudes des étudiants (Soubrié, 2020) et constitue une forme d'accès à l'information. Ces scénarios influencent le système universitaire, à savoir le développement rapide des TIC appliquées à l'enseignement en général et des langues en particulier.…”