Au début des années 1980, l'apparition de la fécondation in vitro (FIV) a permis de traiter l'infertilité féminine. Les problèmes masculins avaient alors pour réponse essentielle l'insémination artificielle avec donneur (IAD) qui, en France, a néanmoins toujours suscité d'importantes réserves parmi les hommes, comme parmi les femmes. Élise de L A R OCHEBROCHARD montre qu'un tournant a été pris dans les années 1990 avec l'émergence et l'expansion très rapide d'une nouvelle technique, l'ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde), adaptée au traitement de l'infertilité masculine. L'ICSI a fait reculer le recours à l'IAD, et a stabilisé l'utilisation de la FIV « traditionnelle ». Cependant, avec l'ICSI, la prise en charge de l'infertilité masculine continue à se faire dans le corps des femmes. Le développement rapide de cette nouvelle technique, dont toutes les conséquences n'ont pas encore été pleinement évaluées, soulève d'importants problèmes qui sont abordés dans cet article. Avec la large diffusion des méthodes contraceptives médicalisées (Leridon et al. , 1987 ; Leridon et al. , 2002), les femmes peuvent avoir l'impression d'avoir concrétisé le célèbre slogan féministe des années 1970 : « Un enfant si je veux, quand je veux ! ». Pourtant, une fois prise la décision d'avoir un enfant, une fois la contraception arrêtée, le couple p e r d l a m a î t r i s e d e s é v é n e m e n t s e t l ' e n fa n t p e u t n e p a s a r r ive r. Pour 100 jeunes couples qui tentent l'aventure, 20 à 25 débutent dès le premier mois une grossesse qui mènera à la naissance d'un enfant vivant, 65 à 70 conçoivent durant les six premiers mois et 80 à 85 durant la