La maladie d'Alzheimer, décrite au début du siècle (1907) par Aloïs Alzheimer [1], est une maladie neurodégénérative liée à l'âge, caractérisée par un syndrome démentiel et par la présence, dans le cortex cérébral, de lésions neuropathologiques particulières : des dépôts amyloïdes et des neurones subissant ce qu'on dénomme un processus de « dégé-nérescence neurofibrillaire ». Au milieu des années 1980, les caractéristiques biochimiques de ces deux lésions ont été définies : les dépôts amyloïdes sont constitués d'un peptide de 40 à 42 acides aminés appelé Aβ [2] et les dégénéres-cences neurofibrillaires intraneuronales résultent de l'agré-gation de protéines microtubulaires tau [3]. La biologie moléculaire a permis d'établir une classification de la plupart des maladies neurodégénératives. Ainsi, la maladie d'Alzheimer et de nombreuses autres affections ont été regroupées sous le terme de « tauopathies » car elles pré-sentent toutes des agrégats intracellulaires de protéines tau (➜). En revanche, la maladie de Parkinson et les autres maladies dans lesquelles sont retrouvés des agrégats intracellulaires d'α-synucléine (➜) ont été dénommées α-synucléinopathies. Dans la maladie d'Alzheimer, la dégénérescence neurofibrillaire (DNF) n'intéresse que certains groupes particuliers de neurones, principalement des neurones pyramidaux. La dégénérescence neurofibrillaire correspond à une accumulation intraneuronale de fibrilles formées de filaments très caractéristiques, appelés paires de filaments appariés en hélice (PHF, paired helical filaments). Ces filaments pathologiques sont d'excellents marqueurs ultrastructuraux du processus dégénératif de type Alzheimer. Les PHF sont également observés dans les neurites en dégénérescence qui abondent dans le neuropile et dans les plaques neuritiques. Les PHF sont constitués par l'assemblage de protéines microtubulaires tau. En immunohistochimie, les neurones en dégénérescence neurofibrillaire sont d'abord reconnus par des anticorps dirigés contre la protéine tau [3]. Un marquage positif peut aussi être observé avec des anticorps dirigés, entre autres, contre l'apolipoprotéine E, des protéines du cycle cellulaire (kinases dépendantes de cyclines-Cdk, polo-kinases, Cdc25, prolyl-peptidyl cis/trans isomérase-Pin1), les glycosaminoglycanes/protéoglycanes, les neurofilaments et l'ubiquitine peuvent également marquer les neurones en dégénérescence neurofibrillaire. MEDECINE/SCIENCES 2002 ; 18 : 727-36 REVUES SYNTHÈSE > La dégénérescence neurofibrillaire -agrégation intraneuronale de protéines tau anormalement phosphorylées -est un processus dégénératif qui affecte la région hippocampique des personnes âgées. Dans la maladie d'Alzheimer, la dégénéres-cence neurofibrillaire peut progresser vers les régions corticales associatives, selon un schéma établi, séquentiel et hiérarchique. À ce stade, les dépôts amyloïdes sont importants. Pour comprendre la maladie, il faut être capable de diffé-rencier la cause de la conséquence. Les formes familiales de la maladie d'Alzheimer ont mis en lum...