> La sècheresse oculaire est un des premiers motifs de consultation en ophtalmologie. Sa prévalence varie de 5 à 35 % chez des sujets âgés de plus de 50 ans. Cette pathologie du segment antérieur de l'oeil est caractérisée par des sensations de douleur variables dans leurs intensités, allant du simple inconfort à une douleur oculaire prononcée. Les douleurs oculaires sont très invalidantes et très difficiles à traiter, et leurs mécanismes physiopathologiques demeurent mal connus de nos jours. Ce constat impose un approfondissement de nos connaissances fondamentales sur l'anatomie du système nociceptif cornéen et sur les mécanismes cellulaires impliqués dans l'initiation et la chronicisation de la douleur oculaire. Cette revue présente, dans une première partie, l'anatomie de l'innervation cornéenne et les différentes classes de récepteurs sensitifs cornéens. La seconde partie fait un état des lieux des données précliniques et cliniques portant sur les mécanismes inflammatoires mis en jeu dans cette pathologie. Enfin la dernière partie de cette revue décrit les différents dispositifs actuellement utilisés pour évaluer la douleur et l'inflammation oculaire en clinique humaine. < sulaire présent ou potentiel, ou décrite en terme d'un tel dommage ». Les pathologies de la surface oculaire représentent l'un des principaux motifs de consultation pour douleurs oculaires en ophtalmologie. La douleur oculaire est le plus important signe cardinal d'alerte en réaction à une inflammation ou à un traumatisme des structures du segment antérieur de l'oeil comme la cornée, la conjonctive, la sclère 2 et les structures uvéales. La douleur oculaire chronique est tout à fait remarquable par la variabilité de l'intensité qu'elle peut générer, allant du simple inconfort oculaire à une douleur intense voire insupportable. La douleur chronique consé-cutive à une pathologie de la surface oculaire affecte la qualité de la vie : près de 60 % des patients se déclarent gênés dans leurs activités quotidiennes [1]. En outre, 80 % des patients qui souffrent de douleur oculaire ne l'estiment pas suffisamment prise en considération tant par leur entourage que par leurs médecins. Les douleurs chroniques oculaires sont malheureusement parmi les plus difficiles à traiter et leurs mécanismes physiopathologiques, de nature neurogène et/ou inflammatoire, demeurent de nos jours très mal connus [2,3].
Innervation cornéenne : anatomie et physiologieLa sensibilité somatique de la face, incluant les cavités buccale et nasales, et des méninges, est assurée par les trois branches du ganglion trigéminal : ophtalmique (V1), maxillaire (V2) et mandibulaire (V3). Le nerf ophtalmique V1 se divise en trois branches sensitives : les 2 Enveloppe fibreuse externe du globe oculaire.