De nouvelles questions essentielles en radioprotection Mots clés : Fukushima / accident nucléaire / crise / COVID / radiobiologie Un an déjà et l'évolution de la pandémie de COVID-19 qui continue de submerger le monde entier donne une nouvelle tournure aux défis de crise que nous avons déjà abordés dans des éditoriaux précédents. De nombreuses nouvelles questions essentielles doivent encore être anticipées en radioprotection, ainsi les articles portant sur ces sujets sont les bienvenus dans Radioprotection. Au travers de cet éditorial nous vous proposons d'en identifier quelques-unes. La première question est celle de la qualité de la préparation à un accident nucléaire ou radiologique majeur. Les forces techniques et de la sécurité civile sont certainement bien entraînées pour une réponse rapide sur la base des plans d'urgence. Cependant, la pandémie de COVID et les accidents nucléaires antérieurs ont montré que les crises ont bien d'autres dimensions à prendre en compte pour s'y préparer : une durée prolongée en mois ou en années, le partage de données scientifiques précises et validées, la logistique et le management des chaînes d'approvisionnement, et bien sûr l'information et la communication. Les media et les réseaux sociaux aiment les controverses et font leur miel des opinions individuelles de toutes sortes de (non) spécialistes ; les débats qu'ils capturent et mettent en exergue sont souvent loin d'être équitables et peuvent créer beaucoup de confusion au sein de la population tout en mettant une pression immense et délétère sur les autorités. La gestion des incertitudes scientifiques dans le domaine de la décision devrait être examinée tout particulièrement (Perko et al., 2020). Du fait d'une reconnaissance et de supports financiers et en ressources humaines insuffisants, les radiobiologistes n'ont pas les moyens de produire les données scientifiques qui permettraient de répondre à toutes les questions soulevées par les expositions des patients, de la population, des travailleurs et de l'environnement aux rayonnements ionisants, mais aussi de participer à un débat constructif à propos des effets des faibles doses (la majorité des expositions) (Bourguignon, 2020). La dernière publication de Radioprotection dédiée aux anniversaires de Tchernobyl et de Fukushima soulève de nombreuses interrogations psycho-sociales liées aux situations accidentelles, indiquant l'importance de leur prise en compte (Bertho et Tsubokura, 2020). La confiance par exemple est au coeur de la gestion de telles situations. Il est primordial que les populations aient confiance à la fois dans tous les aspects techniques et leurs résultats (mesures...) mais aussi, et c'est un prérequis, dans les techniciens qui les gèrent et dans les autorités qui décident in fine (Lochard et al., 2020). Un retour d'expérience à méditer ! Les concepts de risque et de danger doivent être explorés davantage car ils sont au coeur des processus de décision et, en conséquence, déterminent l'allocation des budgets, incluant ceux de la recherche et les ressou...