Au-delà des référentiels prescriptifs, comment saisir les compétences des enseignants pour en faire des objets de formation ? Nous envisageons cette question depuis une orientation de didactique professionnelle (Pastré, 2008) croisant comme le propose Vinatier (2009) le cadre de la conceptualisation dans l’action (Vergnaud, 1996) avec la théorie linguistique interactionniste de Kerbrat-Orecchioni (1992). Nous prenons en compte la nature multimodale de l’activité interactionnelle et la dimension culturelle des schèmes d’action des praticiens pour identifier à la suite de Vinatier (2013) les enjeux d’ordre épistémique, pragmatique et relationnel constitutifs de configurations interactionnelles cultuelles. Une telle analyse a été conduite à Tahiti dans le cadre d’une recherche collaborative conduisant à identifier les connaissances en acte mobilisées lors de séances de Langues et culture polynésiennes (LCP). Prenant appui sur une séance menée par une enseignante de CM1, nous montrons de quelle manière la culture « agissante » de l’enseignante est façonnée par ses conceptualisations, puis nous identifions des traits de généricité au-delà des situations singulières étudiées en dévoilant une configuration interactionnelle culturelle qui semble caractéristique de l’enseignement des LCP. Notre analyse nous conduit in fine à formuler quelques propositions de contribution à la didactique des LCP d’une part et de réflexion en matière de formation aux compétences à enseigner les LCP d’autre part.